La BD américaine pour ceux qui n’aiment pas les mecs en slip

Publié: 12 juillet 2011 dans Geekisme
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Le très récent post de Concombre Masqué m’a donné l’idée de ce post. En substance, le jeune homme – genre chuis vachement vieux, moi… – y écrit très justement dans la première partie de cet article fleuve que les gens peuvent avoir des crises d’urticaire comme quand on leur propose du foie de veau cru à déjeuner dès lors qu’on leur offre à lire des « comics » (brrr). La faute à un a priori parfois négatif – le comic book guy des Simpson (Jeff Alberton de son vrai nom) et assimilés y étant un peu pour quelque chose. La faute aussi à une réaction du type « j’aime pas c’est pas bon j’aime pas » alors même qu’ils y ont jamais goûté (réaction pouvant être également une conséquence du premier point exposé plus haut). ALORS QUE NON ! La BD nord américaine a autant à apporter que la BD asiatique ou la BD européenne. Comme dans ces deux catégories, il y a des grosses daubes (pêle-mêle : Wanted, Judge, Lanfeust des Etoiles,…) mais aussi de vraies perles qui font progresser l’art séquentiel de Eisner ou McCloud vers ce qu’on pourrait considérer comme un art majeur.

Aussi, pour faire ton éveil de la vie, petit con pétri d’idées préconçues sur le fait que les comics, on y comprend rien à cause que les familles de X-men ou les 6 Green Lantern terriens différents, je te propose une petite liste (non-exhaustive, bien sûr, j’ai pas tout lu non plus, y’a pas marqué Linkara ici) des comics et graphic novels que même ceux qui disent qu’ils aiment pas ben ils peuvent que apprécier parce que merde la vie est trop courte pour passer à côté de ces trucs plutôt que continuer à s’abrutir en pensant que Bleach et Naruto c’est toujours bien (pauvres fous). Parce que quand on dit aimer des choses comme Lost ou Fringe alors que la BD US, non, ben on est un peu un schizophrène que les gens montrent du doigt dans la rue dans ma tête. Et même que les BDs que je vais citer, elles sont dispo en français, bande de non bilingues. J’y parle assez peu des dessinateurs, mais il va sans dire que leur trait est maîtrisé et chouette et tout. Et, ouais, j’ai changé le thème du blog, parce que vu le peu que vous êtes à me lire régulièrement, c’est comme si personne s’en était rendu compte, et que de toute façon, c’est moi qui décide. ÉCOUTEZ MES SABOTS, ÉCOUTEZ MES SABOTS !

  • Superman Red Son, écrit par Mark Millar et dessiné par Killian Plunkett

Comment ne pas commencer une liste consacrée à la BD américaine sans évoquer celui que l’on considère comme le premier superhéros de l’histoire (et je me rends contre que dès le départ, je rentre en contradiction avec le titre de mon post puisque je parle d’un mec en slip). Alors Superman, on aime pas souvent, parce qu’on connaît pas vraiment. Et dans le patrimoine DC, Batman est beaucoup plus bandant puisqu’il est faillible. C’est pour ça qu’en jeux vidéo, on a des chefs d’œuvre comme Arkham Asylum, alors que l’homme d’acier se tape un truc comme Superman 64 et c’est dommage mais compréhensible (à moins de foutre de la kryptonite à tous les coins de rue, impossible de trouver des adversaires potables). Et puis avec la multiplication des univers (un des péchés capitaux de la BD de superhéros), on s’y retrouve parfois difficilement.

Bref, avec ce one-shot, Millar et Plunkett font dans la « simplicité » en explorant avec brio le genre de l’uchronie (bien plus que dans le décevant JLA : The Nail, par exemple). L’uchronie, classiquement, consiste à explorer les possibles d’une réalité alternative en partant du principe de « et si… » : Et si la machine à vapeur de Héron d’Alexandrie avait été exploitée dès l’Antiquité ? ; Et si le mithiracisme l’avait emporté sur le christianisme dans les luttes de palais de la Rome impériale ? ; Et si j’avais choisi l’option géo en hypokhâgne ?… Là, Millar par du principe de « Et si Kal-El avait atterri dans les plaines de l’Ukraine soviétique plutôt que dans le Kansas libéral ? » Sup’ serait devenu Supercommuniste, serait devenu le fils spirituel de Staline, aurait toujours pour ennemi Lex Luthor (avec qui une lutte intellectuelle plus que physique va se mettre en place)…

Millar a un gros défaut : il crée soit des trucs géniaux, soit des trucs vraiment pas super. Kick-Ass : pas super ; Old Man Logan : génial ; Wanted : vraiment pas du tout super ; Civil War : assez génial. Red Son rentre évidemment dans la catégorie du génial. D’une part parce qu’il revisite le temps de 3 chapitres l’univers DC. Pas besoin d’en maîtriser les tenants et aboutissants (même si on croise Batman, Wonder Woman, Green Lantern, Brainiac… réadaptés au contexte), il suffit de se laisser porter par le récit bien rythmé. D’autre part parce qu’on nous y rappelle que Superman, avec son image lisse et invincible, a longtemps été le symbole des États-Unis triomphants ; en le mettant dans un contexte communiste, on nous rappelle la puissance des symboles dans les idéologies (puisqu’il est utilisé ici de la même manière que chez l’Oncle Sam).

  • From Hell, écrit par Alan Moore et dessiné par Eddie Campbell

Attention : chef d’œuvre. Essentiel, à lire absolument. Et c’est pas parce que je suis amoureux du cerveau d’Alan Moore que je dis ça. Enfin… si, un peu, quand même. Mais il faut être sacrément de mauvaise foi pour ne pas apprécier l’univers de ce pavé gros comme un roman de littérature russe.

From Hell, comme le film éponyme qui a finalement très peu avoir avec l’œuvre originale (JOHNNY DEPP, TU SERS À RIEN) se déroule dans le Londres victorien, pendant les meurtres de Jack l’Éventreur dans le quartier de Whitechapel. Outre le fait que Moore prend le contrepied du polar propre en nous dévoilant le nom du meurtrier dès le second chapitre (le suspense est un peu tué pour les amateurs de San Antonio, mais ne vous inquiétez pas, je ne vous dirais pas qu’il s’agit du Docteur William Gull) là où le film essaye minablement laisser planer un mystère. Notez par ailleurs que la thèse développée par Moore est loin d’être partagée par les ripperologues (les spécialistes de l’Éventreur), sachant qu’à l’heure actuelle, on ne connaît toujours pas l’identité véritable du premier serial killer de l’histoire.

Bref, le fait d’avoir tuer ce suspense permet à Moore de développer une idée selon laquelle les meurtres rituels du Dr. Gull ont accouché du XXème siècle. Avec Londres pour personnage central, omniprésent, inquiétant, lugubre. Fruit d’un travail de recherche de plus de 10 ans, Moore nous propose une photographie d’un endroit donné (Londres) à un instant T (l’année 1888), et de nous en montrer tout le détail, de la culture à la société, en passant par les relations privées ou l’architecture. Un travail dantesque à lire au moins rien que pour cette recherche et cette transcription de la capitale britannique (très richement développé dans les annexes). A lire aussi pour l’horreur crue des assassinats dessinés par Campbell. C’est sombre et intelligent, fascinant et mystique.

  • Y The Last Man, écrit par Brian K. Vaughan et dessiné par Pia Guerra

En graphic novels réexplorant le thème d’un univers postapocalyptique, j’aurais tendance à préférer Y The Last Man (10 tomes, série terminée) à The Walking Dead (14 tomes, toujours en cours de publication). D’abord parce que la manière d’aborder un monde changé du tout au tout du jour au lendemain est plus originale dans Y. Ensuite parce que les zombies, on en bouffe jusqu’à la nausée depuis 5 ou 6 ans sous toutes les formes, et même si c’est assez cool, un peu de différence ne fait pas de mal. Enfin parce que j’ai pas fini de lire The Walking Dead (big up à Théophile – c’est un surnom – pour m’avoir prêté l’intégralité de sa collection) alors que Y, si.

Très rapidement, Y The Last Man, ça parle de Yorick Brown, qui se retrouve être le dernier être humain de sexe masculin à survivre sur cette Terre plus peuplée que par des mammifères femelles (à l’exception de Yorick, donc, et de son singe Esperluette). Forcément, de nouveaux systèmes sociaux vont se mettre en place, et être le dernier pénis n’a pas que des avantages. Par ailleurs, alors qu’il est à New York, sa petite amie, Beth, elle, se trouve dans le bush australien. Aussi, après le cataclysme, notre bonhomme va se mettre en tête de récupérer sa pine-co à qui il allait faire sa demande en mariage. C’était sans compter sur une agence secrète américaine, des scientifiques, l’armée israélienne, des pirates des temps modernes et plein d’autres péripéties alternatives qui vont enrichir le périple de notre héros par défaut.

Y est un récit initiatique. On part avec un petit gars un peu paumé, flippé à l’idée d’être le dernier homme sur Terre, mal à l’aise avec les filles et  nerd jusqu’au bout des doigts qui parle du destin. À la fin, il a appris à se battre, à aimer, et il aura voyagé aux 4 coins du monde (des States à la France, en passant par le Japon, la Chine, l’Australie ou la Russie). On sait à peu près dès le départ comment va se finir l’histoire. Cependant, la multitude de personnages secondaires, les références à toutes les cases et la composition entretenant toujours plus de suspense en font une œuvre postmoderne – le mot est lâché – tout à fait plaisante à lire, abordant des sujets sérieux et crypto-féministe comme l’égalité professionnelle homme/femme, les femmes-soldats ou la phalicité des monuments. Par contre, de savoir que ce branle-bourse de Shia LeBeouf pourrait interpréter le rôle de Yorick dans l’adaptation ciné de la BD me fait un peu peur.

  • Scott Pilgrim, écrit et dessiné par Bryan L. O’Malley

Si tu es un tant soit peu geekos ou assimilé, tu as forcément entendu parler de Scott Pilgrim, pépite du 9ème Art en 6 volumes, du fait de son adaptation ciné par Edgar Wright sortie l’an dernier dans certains pays, et flingué par le distributeur (Universal) chez nous. L’adaptation est très bonne, reprenant les idées intelligentes et marrantes de la BD en les transposant au support vidéo. Mais le propos n’est pas là.

Scott Pilgrim, pour la énième fois, c’est l’histoire de Scott, jeune canadien de 22 ans paumé, qui a du mal à tomber amoureux depuis qu’une fille nommée Envy (c’est un surnom) l’a quitté il y a un an. Il sort avec une lycéenne de 17 ans pour passer le temps, jusqu’à ce que Ramona Flowers apparaissent. Ramona Flowers, c’est un peu l’EPIC OF EPICNESS, le Graal des filles : cool, mystérieuse, belle. Sauf que pour pouvoir conquérir le cœur de la belle, Scott va devoir affronter stricto sensu les 7 ex maléfiques de cette dernière. Et c’est là que notre petit triangle amoureux qui sur le papier pouvait paraître gnan-gnan se transforme en un truc barré, unique et génial.

O’Malley est un geek fini doublé d’un mélomane aux goûts sûrs. C’est un bonheur de pouvoir lire une BD qui mêle Double Dragon, Smashing Pumpkins, Zelda, Final Fantasy II ou encore New Order. Les persos sont géniaux, j’y ai découvert une étonnante recette de hachis végétarien, et surtout, surtout, la force du récit repose dans le fait qu’on arrivera toujours à s’identifier à un des nombreux protagonistes de la série. C’est une des premières vraies BDs à traiter de l’amour chez les geeks (mais pas que), et de pourquoi on a été impressionné si longtemps par cette machine effrayante et captivante qu’est la fille. En 6 volumes, le trait rond rigolo de O’Malley rempli avec brio sa mission. On rit (beaucoup), on est émotionné (un peu), et, GODAMMIT, on s’identifie (à fond) en lisant cette merveille. A mettre entre toutes les mains nées entre 1983 et 1990.

  • Watchmen, écrit par Alan Moore et dessiné par Dave Gibbons

Forcément. La Bible, la référence, le patient zéro du renouveau de la bande dessinée de superhéros, mais pas que. Si l’adaptation de Snyder était pas pire (à quelques approximations près), on lui préférera Les Indestructibles pour les raisons que je vais évoquer dans le texte qui suit, ne soyez pas impatients.

L’action se déroule en 1985, dans un monde uchronique où Nixon est toujours président, et où la Guerre Froide fout bien les boules à tout le monde. Le point de divergence a lieu en 1938, quand un type a un peu trop pris au sérieux le premier numéro d’Action Comics et s’est dit qu’il pourrait faire Superman en vrai. Aussi, au fil des ans, on a vu apparaître aux États-Unis des équipes de vigilantes, sans réels superpouvoirs, mais avec des gros muscles et des gadgets. Jusqu’à l’arrivée du Dr. Manhattan, scientifique à la Bruce Banner qui s’est bien fait positroner la djeule, et qui est devenu l’équivalent d’un dieu, tout simplement, pouvant interagir avec la matière, l’espace et le temps comme je me mouche dans mes doigts (assez facilement, en somme). Grâce à lui, les States plient la Guerre du Viêt-Nam en deux deux, et la tension monte entre eux et l’URSS, et les anciens faux superhéros servent plus à rien, et c’est presque la fin du monde, et c’est la merde.

Le génie de Moore ne réside pas seulement dans le fait qu’il réécrit une mythologie aux superhéros vieillissants de la culture pop US. En déconstruisant ces superhéros, en en faisant des gens « normaux », avec des idées pas toujours géniales (bouh, le racimse c’est le mal), des sentiments confus ou du gras au bide, il met fin aux âges d’or et d’argent des superhéros des années 1950 et 1970. Si ça n’avait tenu qu’à ça, j’aurais pu citer The Dark Knight Returns de Frank Miller, écrit à la même époque (mais que je n’ai pas intégré à la présente liste pour cause d’hermétisme) et abordant une thématique similaire.

Non, Moore va plus loin. Avec Watchmen, il offre une vraie réflexion sur ce qu’est la bande dessinée, sur comment on peut faire des choses complètement dingues avec ce support (le chapitre 5, Effroyable Symétrie, mama mia, ça, mon p’tit pote, c’est un truc de malade), et sur à quoi la BD peut servir. Un monument de la BD mondiale (rien que ça), à lire absolument si on veut pas passer pour un crétin quand on parle avec, chais pas, un mec de Arkham (la librairie de comics, pas l’asile de Gotham City), ou moi, par exemple.

  • Marvel 1602, écrit par Neil Gaiman et dessiné par Andy Kubert

Bon, en fait, dans la vraie vie, je suis amoureux du cerveau de deux auteurs : Alan Moore et Neil Gaiman. Neil Gaiman, le génie derrière Neverwhere, American Gods ou encore De Bons Présages (avec le magicien des mots Terry Pratchett que de savoir qu’il veut se faire euthanasier c’est beau et très triste à la fois), scénarise ici une histoire one shot pour Marvel.

On peut y aller à reculons, connaissant les difficultés que le monsieur a à réemployer des univers – Marvel comme DC – préexistants. Or, là, c’est un peu tout l’univers Marvel qu’il retranspose dans l’Europe de la fin de la période élizabéthaine. On y croise un Sir Nicholas Fury, les Quatre du Fantastick, un Carlos Javier, un Peter Parquagh… Bref, des versions en collants et fraises des héros d’aujourd’hui que vous connaissez grâce au travail de vulgarisation pas toujours top de Hollywood. Et ça marche ! Le style mystico-truc de Gaiman est là et ça fait pas mal aux seins. Et pour une fois que Marvel nous sert une univers alternatif intelligent et bien pensé (i.e. PAS MARVEL ZOMBIES, PAS MARVEL APES, PAS L’IGNOBLE MANGAVERSE), ben réjouissons-nous. Et en plus, c’est accessible même aux gens qui n’ont jamais entendu parlé de Jack Kirby ou de Stan Lee. Alors que c’est du Marvel. Suffisamment rare pour être noté.

  • Sandman, écrit par Neil Gaiman et dessiné par une multitude de gens

Ouais. Encore un truc écrit par Gaiman. Parce que ce type est fort. Très fort. Sandman, formidable épopée en 10 volumes reliés, est de ces comics que même les filles elles lisent. Et rien que pour ça, il avait sa place dans la liste.

Sandman suit le personnage de Dream, un des Eternels, entités qui sont depuis que les choses sont et seront jusqu’à la fin de l’existence. Dream, comme son nom l’indique, règne sur le rêve (beau comme mauvais), mais aussi, comme son nom ne l’indique pas, sur la réalité quelle qu’elle soit. Or, quel meilleur endroit pour assouvir tous ses fantasmes que de raconter des histoires se déroulant dans le rêve ? Aussi, on va suivre des histoires aussi diverses et variées que celle d’un homme immortel depuis 1389, de la première représentation de Songe d’une Nuit d’été de Shakespeare devant le peuple des fées, de la rencontre des différents panthéons se disputant la clé des Enfers depuis que Lucifer l’a quitté…

Le fil rouge est le personnage de Dream, mais on y croise aussi ses frères et sœurs (et même un/e frère-sœur) : Death, Destiny, Destruction, Delirium, Desire et Despair, et une foule de persos loufoques, inquiétants, attachants, gothiques, fous… C’est foutrement bien écrit, malgré l’âge de la chose, et on adore tout en détestant l’auteur d’être aussi talentueux.

  • La Jeunesse de Picsou, écrit et dessiné par Don Rosa

Ouais. 29 francs pour 292 pages de pur bonheur. Ne pensez pas que cette Jeunesse de Picsou est un truc pour gamins. Oh, non, loin de là. D’une part parce que ça retrace l’histoire de comment le canard le plus riche du monde est devenu le canard le plus riche du monde. D’autre part parce que Don Rosa est un grand malade qui a, durant son enfance, adulé Carl Barks, et qu’une fois devenu adulte, il a réanalysé chaque case dessiné par le papa de Donald pour recomposer l’histoire de Picsou (omettant volontairement des épisodes de sa vie).

Anecdotique à première vue, cette série est une mine d’information quand on veut en savoir un peu plus sur le microcosme de Donaldville et ses origines. En racontant le passé de Picsou, Don Rosa « humanise » le canard, qui de loin peut sembler n’être qu’un odieux acariâtre alors qu’il y a un cœur (en or, forcément) qui bat sous son duvet de plumes. On apprendra que le personnage est né dans les hautes terres d’Écosse, qu’il a traîné sa bosse en Australie, au Congo, qu’il a rencontré Théodore Roosevelt et Buffalo Bill et qu’il a été cowboy et pilote de bateaux vapeur. Et on en apprend un peu plus sur ses cicatrices psychiques, du seul acte de pure méchanceté qu’il regrette toujours, du seul amour de sa vie ou encore de sa relation d’amour/haine avec le reste de sa famille. Un perso ultra complexe, donc, qu’on comprend après pourquoi c’est lui et pas vraiment Donald le héros de Duck Tales.

  • Batman : The Long Halloween et Batman : Dark Victory, écrits par Jeph Loeb et dessinés par Tim Sale

On conclut avec une paire de Batman, parce que le monde de la BD US ne serait rien sans le Dark Knight. En l’occurrence, deux titres de la paire magique Loeb et Sale, qui rentrent dans la continuité du Batman Year One de Frank Miller. Ces Long Halloween et Dark Victory se suivent en fait l’un l’autre, et dévoilent comment Gotham, après le retour de Bruce Wayne à la maison, est passée d’une ville contrôlée par une pègre « classique » (des familles mafieuses italo-américaines) à une criminalité de super-vilains. L’ambiance est très noire : on ne compte plus les morts aux coins des rues, et Gotham est plus que jamais le cloaque des États-Unis, l’anti-thèse du rêve américain.

Par ailleurs, on y voit un Batman plus complexé que jamais, torturé par son idée du bien, et sa crainte de péter les plombs et de tuer des gens que c’est pas bien. On y introduit aussi (sans mauvais jeu de mots) le personnage de Robin. Et surtout, on a à peu près un panorama de tous les supervilains charismatiques ennemis de Batman, et c’est sacrément chouette. Parce que, reconnaissons le, si le perso même de Batman est fascinant par sa complexité (le justicier masqué qui agit en marge de la légalité tout ça), ses archenemies, c’est la cerise sur le gâteau, et ils le complètent parfaitement : Double-Face : rationalité froide ↔ Batman : illégalité morale ; Joker : chaos ↔ Batman : ordre ; Épouvantail : peur chimique ↔ Batman : peur psychologique…

Bref, en réexploitant tout le panthéon de Batman, Loeb et Sale pressent le gros bouton reboot de la licence de la chauve-souris, pour notre plus grand plaisir.

Voila. La liste est à peu près finie et bien fournie. Sérieusement, si vous lisez ça et persistez à ne pas apprécier ce que l’Amérique a à offrir en terme de BD, je suis prêt à… Non, je suis prêt à rien, parce que c’est des coups à devoir se raser le pubis pour avoir écrit n’importe quoi sur un coup de tête sur Internet. Bref, sachez que j’aurais aussi pu parler des comic-strips (Calvin & Hobbes et The Peanuts avant tout – je hais Garfield), de Black Hole de Charles Burns, de Maus de Art Spiegleman, de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, ou encore de Hellblazer. Mais il faut faire des choix dans la vie, et puis c’est tout. Aussi, enjoy, et bonne bourre (toujours).

commentaires
  1. Dav dit :

    Après avoir lu toutes ces bd grâce à ces bons conseils, je voudrais te féliciter pour cette petite liste qui m’a permis de me remettre à la BD américaine après avoir fait une overdose de Thor, Superman et Star Wars (chez Dark Horse) dans mon adolescence…
    Faudrait penser à faire tourner pour permettre aux anglo-saxons de mieux conquérir le monde!

  2. […] il nous parle de From Hell, célèbre bande-dessinée noire produite au cours des années 1990. La bande dessinée anglo-saxonne constitue en effet l’un de ses plus anciens dada, et donc d’autant mieux établi dans […]

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