Comme bon nombre d’entre vous, je suis allé voir The Avengers cette semaine au ciné, et c’était très bien, même si niveau rythme, y’a le moment un peu long et chiant de quand ils sont pas encore complètement d’accord et tout, mais qui est nécessaire pour servir de kicker gna gna action rigolol super-héros DATASS. Bon, je m’étends pas trop sur la question, d’une part parce que je suis pas assez MarvelFag pour connaître parfaitement à la perfection parfaite les tenants et aboutissants de « oui mais Ant-Man et The Wasp » et patati patata, d’autre part parce que j’ai laissé une bouteille d’eau à moitié ouverte sur mon pieu, et que non seulement mes draps s’en souviennent, mais surtout parce que ça a abîmé mon volume 1 de Y The Last Man. Je suis un peu fussoirisé.
Mais bon, faut bien alimenter le blog, alors voila. Une note rapide, parce que la nécessité de posté cet article est proportionnellement aussi importante que mon envie de jouer à des trucs plutôt que d’écrire. Ouais. Donc The Avengers. Équipe superhéroïque de l’écurie Marvel, créée par Jack Kirby et Stan Lee en 1963 (merci Wiki). Bon, en soit, c’était pas la première fois que des superhéros provenant de licences distinctes s’unissaient (notamment JSA, chez DC, qui date de 1940). Mais là, c’était histoire de mettre un truc bien calibré pour contrer le voisin d’en face (DC, encore), qui avait sorti l’artillerie lourde en 1960 avec sa Justice League of America. Donc bim les Thor, Hulk, Iron Man et Captain America (et donc aussi Ant-Man et The Wasp), créés un peu auparavant (sauf Cap qui pétait déjà la bouche à Hitler dans les années 1940) qui s’unissent pour sauver le monde et la terre et tout. Depuis, ces persos conçus à la base pour s’unir dans cette superteam ont eu droit à leurs licences propres, tout en s’unissant (pour le meilleur comme pour le pire) de temps en temps, histoire de fritter de l’alien, ou de se foutre dessus à cause du gouvernement.
En somme, unir des persos un peu connus mais pas trop pour leur faire faire des batailles de ouf’ guedin a permis par la suite à ces mêmes persos de gagner en indépendance éditoriale et tout. Et là, je demande : MAIS QU’À FAIT LE JAPON ? Ou plutôt : MAIS QU’À FAIT LE MANGA (et l’animation japonaise) ? Parce que je vois des shonen action/aventure/humour où qu’y en a plein, des héros ‘achement balaises et plein de charisme, et qu’on pourrait multiplier l’awesomeness du truc en les unissants. Hein ? Pourquoi n’y a-t-il pas de team de superhéros nippons made in papier ? POURQUOI ?
Démonstration vite fait parce que je vous rappelle que j’ai pas que ça à faire
Nan parce qu’en plus, le Japon, il connait, hein, les crossovers de « superhéros ». En l’occurrence les crossovers de super sentaï : Ultraman et les Kamen Raiders se sont croisés à maintes reprises, et aujourd’hui, il n’est pas étonnant de voir le Shinkenger recevoir un coup de main des motards à masque d’insecte. Tout cela a pu culminer dans la joyeuse partouze de type sentaï que fut GoGo Sentai Bôkenger vs. Super Sentai, un titre dont seuls les Japonais semblent avoir le secret.
Ajoutons à cela le jeu vidéo, qui n’est pas non plus en reste : avec les séries des VS de chez Capcom, ce sont tour à tour des persos de l’univers Marvel, SNK, Tatsunoko et Namco Bandai qui ont pu affronter qui Ryu, qui Amaterasu, ou qui Phoenix Wright. Si si. Et puis les Mario et Sonic font du ski, les Smash Bros, etc… En fait, je crois même que c’est dans le jeu vidéo qu’on retrouve les crossovers qu’on espère dans le manga : Jump All Stars, puis Jump Ultimate Stars, ainsi que Battle Stadium D.O.N. ont pu faire s’affronter Naruto, Luffy, Vegeta et consorts, pourvu que ça vient de chez la Shûeisha. Il en est à peu près de même pour les Super Robot Taisen, où Mazinger Z, Gundam et autres EVA s’unissent pour le plus grand plaisir des amateurs de mecha.
Mais le manga, peau de nib’. Ou presque. A part quelques actes de bravoure un peu intéressants mais pas très notables (One Piece x Dragon Ball, One Piece x Toriko, Gintama x SKET Dance…), y’a pas grand chose. Quelques caméos pour le lol dans des animes (notamment chez GAINAX ou Shaft), et puis c’est tout. Seul le vieux Leiji Matsumoto semble se plaire à mettre faire se croiser les personnages de ses différentes séries.
Alors pourquoi ?
Éléments de réponse à l’arrache
Plusieurs logiques sont responsables de l’absence de crossovers notables dans le manga « officiel » (parce que bon, dans le milieu amateur où on fait allègrement fi des droits et licences, ça y va, les trucs marrants).
Tout d’abord et pour commencer, il y a les logiques éditoriales. Comprendre par là que, hey, l’édition de comics US n’est pas la même que les mangasses (merci Einstein). Dans le monde des superhéros Marvel, DC, Darkhorse et compagnie, les personnages créés n’appartiennent pas forcément à leurs créateurs, mais aussi à la compagnie qui les publie, qui en a l’exclusivité. Aussi, un Batman ou un Wolverine pourront être écrits et dessinés par une tripotée de gens qui ne sont pas Bob Kane et Herb Trimpe. Et comme par ailleurs ils sont rattaché à une maison d’édition avant d’être les créations d’auteurs, ces personnages peuvent exister dans la licence et donc croiser d’autres créations d’autres auteurs mais issus de la même maison. Vous suivez ? D’où Avengers, JLA et tutti quanti.
Dans le manga, c’est pas pareil parce que c’est différent. Certes, les personnages et les histoires dépendent d’un éditeur. Mais ils sont avant tout la propriété du ou des auteurs, qui gardent un contrôle sur leurs créations. À ma connaissance – mais je peux certainement me tromper – il n’existe une série de manga initiée par un auteur puis reprise sur la durée par un autre. C’est pour ça que Dragon Ball restera attaché à Toriyama, GTO à Fujisawa ou Détective Conan à Aoyama. Après eux, le déluge, et si l’auteur original n’est plus là pour se rappeler au bon souvenir des personnes mal intentionnées prêtes à faire du pognon sur les cendres de l’auteur, les ayants droit seront là pour le remplacer. Même Pluto (Urasawa d’après Tezuka, qui reprend allègrement l’univers de Astro) n’a pu se faire sans l’aval très enthousiaste du fils de Makoto Tezuka, le fils d’Osamu. Donc de fait, ça élimine la possibilité de faire revivre d’anciens persos de manga dans des œuvres collégiales. Enfin ça rend le bouzin très compliqué à mettre en place. Sans parler du fait d’accords quasi impossibles entre différentes maisons d’éditions. On ne peut que rêver de collab’ franches entre Shûeisha et Shogakukan, par exemple, tellement ça semble pas possible.
Ah, ça, pour faire de l’artwork ou des bêtises du genre, y’a du monde, hein.
Et donc dans cet imbroglio déjà pas simple, il y a aussi la tâche compliquée de faire s’accorder entre eux les auteurs, si on veut pouvoir espérer lire un improbable crossover dantesque. Or, même quand ceux-ci sont issus de la même maison d’édition, les choses ne sont pas simples. Si vous êtes familier de Bakuman, vous connaissez un peu le processus éditorial d’une maison comme Shûeisha. Pour les autres et pour résumer, une compétition assez intense entre auteurs, mais aussi entre responsables éditoriaux, a lieu pour chaque publication, l’idée étant d’avoir les meilleurs retours possibles de la part du lectorat, assurant ainsi longévité à la série. Et donc brouzoufs et gloire. Forcément, à ce niveau, les ego sont importants. Imaginer une collab’ entre Kishimoto, Oda et Kubo (pour prendre parmi les plus bankables des auteurs du Jump) relève du fantasme pur et simple : Qui scénariserait ? Comment laisser suffisamment de place à chaque perso de chaque série pour que les auteurs et les lecteurs fan de tel ou tel manga ne se sentent pas frustrés ? Surtout si en plus il y a des luttes d’éditeurs en sous-marin ?
Mais la raison encore plus principale, autre qu’éditoriale, du pourquoi que ça aurait beaucoup de mal à exister, ce type de crossover, c’est l’univers. Chez Marvel et DC, les teams ont en commun la Terre. C’est con à dire, mais c’est bien pratique pour que tous les héros se retrouvent en un même endroit, qui leur est commun. La Stark Tower, par exemple, toute fictive qu’elle est, se situe à New York, ville bien réel du monde à peu près réel dans lequel évoluent les Avengers. Les villes ont des héros attitrés (d’ailleurs, ils étaient où les Spiderman, Fantastic Four ou Dardevil, pendant que les streum’ de l’espace foutaient le dawa et que seuls un quatuor de types en costumes étaient là pour parer le bouzin, hein ? ILS ÉTAIENT OÙ ?), ce qui facilite la tâche.
Chez Jump, Naruto vit dans un monde de ninja, Luffy dans le Waterworld, Ichigo est un terrien qui aiment à se balader dans des mondes chelous, Gintoki vit dans un Japon du passé alternatif… Un joyeux Bronx que tous les multiverses du monde auraient bien du mal à coordonner pour concevoir une histoire cohérente et pas complètement tirée par les cheveux (cf. les prétextes aux jeux Jump, voire les crossover Capcom VS).
En somme, c’est pas demain la veille que le manga et la japanim’ feront de vrais beaux crossover. La faute à des contraintes d’édition, de personnes, et de scénario. Et c’est un peu dommage, mais c’est la vie. FIN.
Et maintenant pour quelque chose de tout à fait différent
Il vous reste grosso merdo une semaine pour participer au blind-test mixé avec les pieds. Les réponses seront lâchées à 18h43 lundi 7 mai, alors ne tardez plus, et rendez vous ICI. À ce jour, les meilleurs (ils sont 2) ont trouvé 12 des 19 titres qui constituent ces 3 minutes et 28 secondes de bonheur musical avec un grand concours de danse. J’ajoute, pour l’heureux vainqueur, en plus du tome 6 de Gon et des portraits de tous les présidents de la République Franfaise depuis que la fonction existe, l’intégrale des discours de Annecy et de Marseille, donnés par le candidat Nicolas Sarkozy les 16 et 19 février dernier. Ouais. J’suis comme ça, ça me fait plaisir. Alors cliquez, bande de… ah, plus assez de place.