Commençons sans fioritures : bonne année à vous qui lisez ce blog. Que 2012 se déroule pour vous autrement que le scénario d’un mauvais film catastrophe réalisé par quelque allemand pensant, comme Michael Bay, qu’explosions et grand spectacle riment avec bonne histoire, et justifiant ses excès d’effets spéciaux par un script vaguement tiers-mondiste et moralement chelou, maladroitement pompé sur un mythe apocalyptique maya (or, Apocalypse ≠ Fin du monde). Pour ma part, ce début d’année est à placer sur le signe du WTF, ne serait-ce que parce qu’Antoine de Maximy de J’irai dormir chez vous a tapé l’incruste à la teuf de réveillon où j’étais. My life is better than yours…

Par exemple, là, il regarde l’objectif d’un air mi-chafouin, mi-ivre. La photo est floue, mais c’est pas ma faute. C’est à cause de la Chartreuse. Qui n’était pas de Parme cette fois. D’habitude je suis sérieux, mais lors de la Saint-Sylvestre, je noie mes First World Problems dans la boisson et la fête. JE ATTENTION WHORISE À FOND.

Donc voila. Les vœux de rigueur étant formulés, rentrons dans le vif du sujet (le verbe et le complément vous passent le bonjour par ailleurs). Je dois toujours écrire un truc sur Mawaru Penguindrum, la gnose, le destin, le péché originel et Aum Shinrikyô. Mais se remater les excellents 24 épisodes de la série, ainsi que les Utena, histoire de faire des passerelles avec l’autre série phare de Ikuhara, ça prend du temps, surtout quand en plus on a réinstallé GTA IV et tout ce genre de choses. Donc le truc suit son cours, mais patience, parce que voila, y’a pas marqué… y’a pas marqué… ouais, voila quoi. OUAIS, CHUIS EN PANNE D’INSPIRATION, ET ALORS ? Et comme je m’impose d’alimenter au moins une fois par semaine le présent blog de ma prose pas toujours très fouillée, ben je vous propose une analyse du personnage de Monkey D. Luffy, héros de One Piece, qui sous ses dehors éminemment verniens transpire la pensée nietzschéenne à pleines pores. Après, je suis pas philosophe (même si un ami mien plus expert dans le domaine m’a beaucoup aidé dans la rédaction du présent article – big up à toi, Zimgief, ou Monsieur Rien, ou Zim tout court – téléchargez ses jeux, c’est gratuit et c’est bien), donc il se peut que la réflexion soit erronée. Je prétends pas avoir la science infuse (et Umberto Eco a déjà fait un comparatif sur le mythe du Surhomme et Superman, donc j’invente rien, je sais). Ça s’annonce casse-gueule, mais je le tente, on verra bien.

Certains sont morts pour nous. Ou en tout cas pour Himari-chan. Comme Optimus Prime en fait. Ne les oublions pas.

Nietzsche, dans les grandes lignes

Alors ce brave Friedrich, qu’aurait-il pensé de One Piece et du personnage de Luffy ? Et d’abord, c’est qui, Nietzsche, à part un moustachu fou et mort, dont la pensée aurait accouché du XXème siècle, hein ? HEIN !? Bon, je vais pas vous refaire la bio de ce philosophe (numéro 10 dans l’équipe allemande de football des philosophes), Wikipedia sait le faire mieux que moi a priori. Surtout que si je m’astreignais à cette tâche, je recracherais du Wikipedia aussi, donc allez plutôt à la source, qui est déjà une digestion d’autres trucs plus compliqués.

Mais en substance, il faut savoir qu’au départ, il est philologue et pas philosophe, que ses premiers travaux avaient une portée globale sur la philologie justement, l’esthétique et la philosophie (Apollon et Dionysos), avant de dériver vers les questions religieuses et morales. Homme complexe (il meurt fou, comme dit plus haut), il a voué une admiration sans borne à Richard Wagner et à Jésus Christ, un des nombreux surhommes que notre terre a porté, selon lui. La pensée nietzschéenne évolue à travers le temps en même temps que son auteur. Aussi n’est-il pas anodin d’observer des contradictions dans le raisonnement du philosophe quand on le prend comme un ensemble (et pas comme une pensée mouvante). Par ailleurs, la vie de Nietzsche est elle-même pleine de contradiction : homme chétif, il vante les mérites du surhomme qui par son pouvoir (physique, intellectuel, charismatique…) soulève et éventuellement libère les masses. Admirateur du mode de vie italien, il part en cure en Lombardie, mais ne s’y nourrit exclusivement que de lourde bouffe allemande (le nord de la péninsule étant culturellement influencée par la culture germanique proche). Enfin, partisan de l’action, il ne peut s’empêcher de se perdre dans la réflexion incessante, n’agissant de fait pas beaucoup.

Dans le manuel de philosophie moe WTF Boku to Tsundere to Heidegger, Nietzsche est représenté sous les traits d’une yandere avec des couettes. Ici, il/elle est entre Hegel et Kant qui lui poke la joue de l’index gauche.

L’objet de l’analyse qui va suivre se concentre essentiellement sur les travaux de la troisième période de Nietzsche. La première période est caractérisée par l’étude de la tragédie grecque ; la seconde par ce que le philosophe appelait « philosophie du matin », à savoir son combat contre la décadence, la morale et la religion (dans leurs canons judéo-chrétiens). La troisième et dernière période des travaux de Friedrich Nietzsche qui nous intéresse découle du constat de la seconde : la société devient amorale. Pourquoi ? Comment y remédier ? C’est à ce moment, avant qu’il ne sombre définitivement dans l’égotisme et la folie de Ecce Homo, que naissent véritablement les notions de Mort de Dieu, de Volonté de Puissance et de Surhomme sur lesquelles on va se focaliser. Ces notions sont surtout abordées dans Also Sprach Zarathustra, Jenseits von Gut und Böse et Der Wille zur Macht, bien que ce dernier texte, écrit en 1886, n’ait été publié qu’en 1906, soit 6 ans après la mort de l’auteur. C’est tout pour les considérations bibliographiques, biographiques, et relativement chiantes. On va maintenant aborder la partie un peu chiante quand même, mais avec une mise en perspective manga, alors ça va.

Là par exemple, non seulement Nietzsche n’est pas content/e parce que Dieu est mort et que ça change rien, mais en plus, on lui a renversé sa glace, ce qui est pas très super.

Partie un peu chiante quand même, mais avec une mise en perspective manga, alors ça va

Bon, alors on va commencer par la mort de Dieu, voulez-vous :

C’est une des phrases les plus connues de Nietzsche : « Gott ist tot ! » (ou « Kami wa Shinda ! » en japonais, ou « God is dead ! » en anglais, ou « Dieu est mort ! » en français). Cette sentence apparaît pour la première fois dans Die fröhliche Wissenschaft, avant d’être plus largement abordée dans Zarathustra. Alors qu’est-ce qu’il veut nous dire, avec ce paradoxe de la mortalité d’un dieu supposément immortel, là dis donc ? Eh bien tout simplement que, dans ce XIXème siècle européen tout fussoirisé idéologiquement (par exemple, en France, sept régimes politiques se succèdent avec des succès variables, alors qu’en Allemagne et en Italie, des types à moustaches se disent qu’unir les différents États-Nations, ça peut être chouette), les gens #LesGens préfèrent penser à du communisme ou du positivisme, ou de l’antisémitisme, ou plein d’autres trucs en -isme, plutôt que de révérer Dieu. Loin d’être bigot, Nietzsche souligne ici la perte de valeur et de morale vieilles comme Hérode (littéralement parlant pour le coup, vu qu’on parle de christianisme) au profit d’un grand rien (en apparence), laissant l’Europe (donc le monde – on est au XIXème siècle, hein) sans repère, donc sans morale, donc irrémédiablement voué au chaos, parce l’homme est un loup pour l’homme (la preuve : Skyrim). Cependant, la mort de Dieu (qui n’est pas provoqué par le philosophe, mais bien par l’ensemble de la masse) n’est pas non plus vu comme une catastrophe.

D’abord parce que selon Nietzsche, la religion qui a fondé la civilisation occidentale depuis l’ère romaine s’est construite sur une faiblesse, et n’était pas bonne : le dieu idolâtré par les Chrétiens #LesChrétiens l’était pour une mauvaise raison, parce que, faibles, ils se sont tournés vers la facilité qu’est la religion plutôt que de faire des trucs comme pas croire en Dieu mais en, je sais pas moi, la machine de Héron d’Alexandrie ? Les Métamorphoses d’Ovide qui est une chouette histoire bien qu’un peu datée ? Ta mère en slip ? J’en sais rien, mais pas Dieu en tout cas. Parce que Dieu, c’est facile, et facile, c’est faible, et faible, c’est pas bien. Sauf que, Nietzsche, qui se contredit toutes les 2 minutes, ajoute que cette faiblesse s’est ensuite transformé en force, quand on voit le pouvoir qu’a eu la religion au Moyen-Âge jusqu’à cette période de révolution qui va du milieu du XVIIIème siècle à la fin du XIXème. Sauf que (encore), là, maintenant, tout ce casse la figure, et la mort de Dieu parce qu’on préfère lire Vidal de la Blache ou fabriquer de l’acier dans des hauts-fourneaux, ben c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres… Sauf que (ouais, moi aussi ça me casse les pieds), comme Dieu est mort, c’est aussi la destruction d’une fausse idole (comme les AKB48, tiens), et donc c’est bien, parce que les braves qui le révéraient vont pouvoir agir par eux-même et tout et tout… Sauf que c’est quoi le rapport avec One Piece ?

DERP

Luffy l’Antéchrist

Alors le rapport avec One Piece est à trouver dans l’arc Skypiea, qui se développe au long des volumes 26 à 32. Dussé-je le répéter mille fois, je le rappelle ici : ATTENTION, SPOILERS (rouge qui pète, douleur occulaire).

Dans cet arc, l’équipage du Vogue Merry se met en tête (Luffy tout seul, en fait, qui entraîne contre leur gré ses camarades d’aventure) d’aller sur les îles célestes, parce que depuis Laputa, ça roxxe pas mal, une île, dans le ciel. Là, il est confronté à un homme qui se fait appelé Dieu, et qui s’appelle en fait Ener, et qui régit une grande partie de Skypiea par la force et la peur et c’est mal parce que c’est pas bien, parce qu’on ne doit pas vivre sous la contrainte et bla bla bla Corée du Nord, Kim Jong-Un, swag. Luffy, qui est un mec sympa (l’histoire ne nous dit pas s’il passe ses vacances à La Baule parce que c’est sympa avec des gens #DesGens sympas dans une maison sympa) et qui aime pas trop quand on pousse les gens #LesGens à vivre sous la contrainte, va se mettre en tête de défoncer la djeule à ce faux dieu que son pouvoir, c’est juste de faire de l’électricité et de ressembler vaguement à Eminem.

Luffy va donc, sinon tuer Dieu – à ce jour, il me semble qu’il n’a jamais été fait mention d’un quelconque meurtre perpétré par notre pirate élastique préféré (c’est un mec sympa après tout) – au moins le kicker hors de ce territoire sur lequel il n’a pas plus de droit qu’un renard ou qu’une meuf avec des gros seins et des antennes bizarres en cheveux sur la tête (et qui dit « Bidonjour »).

Luffy détruit donc la figure de la fausse idole, laissant le bon peuple anciennement asservi de Skypiea dans une relative liberté, mais aussi dans l’incertitude (quand Ener est effectivement expulsé, le sol de l’île céleste commence sérieusement à se démantibuler, comme si, la divinité – ou prétendue comme telle – partie, le monde plongerait dans le chaos). Luffy chasse Dieu. Il lui est fondamentalement opposé. Même, l’opposition est biologique : Ener est un être d’électricité ; Luffy est un être de caoutchouc. Le second est a priori insensible à la puissance du premier. Rapporté à Nietzsche, Luffy est donc tout simplement l’Antéchrist, pas comme le pendant maléfique et négatif de Dieu, mais tout simplement son opposé fondamental, celui qui est en dehors de la foi, et donc libre de penser et d’agir.

Il va de soit que la mort symbolique de Dieu, pour les habitants de Skypiea, se traduit par une perte de repères (d’ailleurs, l’après apparaît un peu comme un Deus Ex Machina, l’équipage du Chapeau de Paille quittant bien vite les lieux une fois le cas Ener résolu). Cependant, ce changement de paradigme social et psychologique va les libérer, et ils pourront se construire eux-même (même si en fait ils laissent la place de dirigeant à ce qui ressemble à un despote éclairé, Gan Fall, mais là n’est pas la question). A la mort de Dieu et l’incertitude qui lui est inhérente succède une nouvelle définition du vivre ensemble.

Le Volonté de Puissance, le Surhomme et le nekketsu

C’est donc dans cet esprit nihiliste, niant toute idée de valeur transcendantale, et donc fondamentalement libertaire, que Luffy et son crew sillonne les mers de Grand Line. Il nie la supériorité de faux dieux, il nie l’autorité du Gouvernement Mondial incarnée par sa force de maintien de l’ordre, la Marine, ainsi que les différentes agences qui en dépendent, il nie l’impossible scientifique établi comme postulat imposé, ce qui lui permet de naviguer sur les nuages et sous les océans.

Car le monde de One Piece au moment des événements qui sont décrits au gré des différents volumes de cette formidable série est un monde aussi changeant que l’Occident au XIXème siècle. La crise de valeur qu’est la mort de la spiritualité se traduit ici par l’essor de la piraterie, qui trouve pour l’instant son acmé dans la terrible Bataille de Marineford, qui a changé l’univers du manga autant qu’un Civil War a modifié une part importante du multiverse Marvel. Cette crise des idées (avec le spectre angoissant d’un monde non pacifié, Barbe Blanche n’étant plus, et l’ignoble Barbe Noire étant à présent détenteur de terribles pouvoirs) ne doit cependant pas laisser penser à la destruction et à la mort comme seule finalités.

Le nihilisme nietzschéen est aussi rempli d’espoir : que sur le cadavre de la civilisation passée ou déliquescente s’édifie une autre façon d’être humains. Même si, pour cela, pour que ce monde meilleur émerge, il faut que deux facteurs soient réunis : la Volonté de Puissance, a priori présente en tout être vivant, et des surhommes.

La Volonté de puissance est la réponse de Nietzsche à la métaphysique un peu meh qu’on comprend pas tout. L’univers tout en entier (ça déconne pas) est traversé par cette force, qui de fait le met en mouvement perpétuel. Ce qui est est surtout amené à devenir. Le statut d’être n’est pas figé. Cette puissance n’est pas que physique. Elle peut être intellectuelle, biologique, psychique,… C’est la Volonté de puissance qui fait que Bambi, une fois qu’il s’est bien viandé sur la glace, cherche coûte que coûte à se dresser sur ses frêles pattes. C’est la Volonté de puissance qui fait que la pousse d’herbe parvient à s’insinuer dans le bloc de béton gris. La Volonté de puissance n’est pas forcément raisonnée. Elle n’implique pas la volonté de domination. C’est simplement la vie qui s’exprime partout, au-delà des difficultés.

Or, Luffy transpire cette Volonté de puissance. Et en réalité, n’importe quel personnage de nekketsu transpire la Volonté de puissance. Pour rappel, nekketsu peut se traduire grossièrement par « sang bouillonant ». On qualifie alors de nekketsu un manga (généralement du shônen) où les personnages se dépassent, physiquement comme mentalement, pour atteindre un but qui semblait au départ inaccessible. Le devise de Shônen Jump – l’hebdo où est prépublié, entre autre, One Piece, mais aussi Naruto, Bleach, Bakuman,… et où furent publié Dragon Ball, Captain Tsubasa, Saint Seiya… – traduit bien ce sentiment : « Amitié, Effort, Victoire ». En d’autres termes : fuck l’adversité, si on a la volonté, on y arrivera (cela dit, j’ai essayé, en vrai, ça marche pas toujours). C’est pour ça qu’il faut foncer droit au but (en avant si possible), parce qu’il y a la terrible contrainte des deux mi-temps, des 90 minutes, là.

Mais Luffy plus que tout autre ninja ou shinigami par intérim est l’incarnation de la Volonté de puissance, se riant de l’adversité. L’objectif affirmé de Luffy est de trouver le One Piece, et ainsi devenir le Seigneur des Pirates. Non pas pour asseoir un pouvoir empli d’ubris sur toutes les mers du globe. Simplement parce que, pour lui, le Seigneur des Pirates est le type le plus libre du monde (liberté -> libertarisme -> nihilisme nietzschéen). Pour y parvenir, il n’hésitera donc pas à mettre sa vie en danger, à prendre part à des événements guerriers ou encore à faire maints détours pour pouvoir accomplir ce qu’il juge de juste.

Cette Volonté de puissance de Luffy, elle se manifeste à plusieurs reprises. Lors de l’usage du Fluide Suprême par exemple. Ou encore pendant sa convalescence de choc dans la 6ème strate de la prison d’Impel Down. Mais la manifestation la plus cinglante de cette force vitale sur la mort, c’est bien sûr la mystérieuse Volonté du D. Ainsi, les porteurs de ce fameux D semblent tous manifesté ou avoir manifesté un goût pour la vie dépassant très largement la moyenne. Par ailleurs, au moment de leur mort, ils ont tous expiré sinon en riant aux éclats (comme Saul), au moins un sourire apaisé aux lèvres (Roger, Ace, Rouge). D’ailleurs, quand Luffy est condamné à la décapitation à Loguetown, ce dernier est toutes dents dehors, bien loin d’être paniqué à l’idée de perdre la vie.

Et c’est de cette rage de vivre, de cette Volonté de puissance exacerbée, que naissent les surhommes. Le surhomme n’est pas un homme absolu qui aurait abouti au stade terminal de perfection humaine. Le surhomme est celui qui va provoquer le changement de paradigme. C’est pour ça que Nietzsche, tout critique qu’il puisse être du christianisme, adore la personne de Jésus Christ, qu’il considère comme un surhomme, en cela que sa façon de voir le monde a par la suite eu les conséquences qu’on connaît. La notion apparaît dans Zarathustra, et est annoncée comme l’expression de l’homme qui dépasse les notions de Bien et de Mal en vigueur dans un contexte donné. Quelques décennies plus tard, la notion de surhomme sera réutilisée à des fins politiques par des gens charmants comme les fascistes ou les nazis, qui, loin d’être experts en rhétorique, on fait valoir ce principe de surhomme pour mettre en place les politiques visant à créer le fameux homme nouveau (et donc la discrimination d’abord par l’origine ethnique, ensuite par le physique), et c’est pas très lol.

Avec sa notion de justice très subjective, mais aussi très éloignée des différentes écoles en vigueur dans la Marine (l’idéal d’Aokiji est différent de celui de Rob Lucci ou de Akainu) qui sont beaucoup plus normées, froides et administratives, Luffy transcende à sa manière le Bien et le Mal (il est pirate, avec ce que ça implique de pillage de trésor, mais il a aussi libéré des pays, ce genre de trucs, un peu pareil que fait son père, d’ailleurs). Il agit selon des choix moraux un peu à la marge. En voulant devenir le nouveau visage de la piraterie, avec pour antagonistes principaux à venir Barbe Noire et le nouvel amiral, Akainu justement, Luffy se pose comme une alternative lumineuse, raisonnée et raisonnable au futur chaotique vers lequel le monde de Grand Line semble se tourner actuellement. C’est donc un surhomme parmi tant d’autres.

Conclusion (à l’aide)

Bonjour. Je sais pas me servir de Photoshop. Bonne journée.

A l’instar de nombreux personnages de shônen action/aventure ou sportif, Luffy est nietzschéen dans sa manière d’aborder la vie. Ainsi, il va avoir tendance à agir avant de penser, même si cela va lui coûter quelques désagréments momentanés bien souvent débiles donc forcément hilarants. Parce que la Volonté de puissance implique l’action avant la réflexion. C’est comme ça. C’est pas moi qui fait les règles. D’ailleurs, la pousse d’herbe du bloc de béton, là, elle y a pensé, à pousser ? Non. Elle a agi. Poussé, quoi. M’enfin je m’égare…

Sa volonté de tuer Dieu peut être par contre sujette à une remise en cause, parce que j’ai abordé le thème de manière un peu plus one again. Cela dit, le personnage de Zorro a affirmé pour sa part nier l’existence même de Dieu, alors même qu’il rencontrait Ener, celui qui se revendique comme tel. Y’aurait peut-être un truc à faire, là, mais j’ai un peu trop la flemme.

Enfin, on conclura sur la quête même de Luffy : le One Piece. Ce trésor auréolé de mystères a été une première fois en possession de Gol D. Roger, le précédent Seigneur des Pirates. En cherchant à récupérer cet objet de convoitise, et à obtenir lui aussi ce titre symbolique, Luffy reproduit un schéma préétablit. Il devient alors l’expression même de l’éternel retour, qui veut que le monde n’est dirigé par aucune fin et est donc fatalement amené à revenir sur lui-même. D’ailleurs, le colonel Smoker n’a-t-il pas souligné la ressemblance, sinon physique, au moins dans l’attitude, du garçon au Chapeau de Paille avec l’ancien Seigneur des Pirates ? C’est pour ça aussi que Kim Jong-Un (encore lui) a, manifestement, subi plusieurs opérations chirurgicales dans le but de le faire ressembler d’avantage à papy Kim Il-Sung. Mais c’est une autre histoire… Bref, l’éternel retour, c’est aussi une notion abordée dans Zarathustra. Comme ça, la boucle est bouclée.

commentaires
  1. Celine Maxant dit :

    À un moment dans la lecture, j’ai fini par remplacer Luffy par Buffy. Mais je suis sure que ça ne veut rien dire.

  2. Cécile dit :

    vidal avait pas d’accent circonflexe.
    voilà.
    et ya pas de tweet sur les chrétiens, ce qui me déplait… et puis ya des gens que je connais pas – comme dans tous tes posts – et si google peut m’aider, je me sens pas là tout de suite de surmonter ma nature faible pour aller voir de qui on parle et je vais plutôt lâcher l’affaire. A quoi ça tient la surhumanité franchement …
    De maximy a bien l’air crevé lui aussi. On peut donc en conclure que ce n’est pas Jésus Christ.

  3. S.Rameau dit :

    A propos de la biographie rapide de Nietzsche :
    -La Volonté de Puissance (Der Wille zur Macht) n’est pas un livre de Nietzsche, il ne l’a jamais ecrit ; le seul livre à avoir porté ce nom était une falsification faite par sa soeur cadette, qui était nazie, reprenant (et surtout déformant) certaines idées de nietzsche pour faire l’apanage du nazisme avec surtout l’idée : les forts (Aryens) écrasent les faibles, idée que ne partageait pas du tout Nietzsche. Attention, donc, à bien vérifier tes sources.
    -« Homme complexe (il meurt fou, comme dit plus haut » ; cette phrase peut porter à une regrétable confusion : Nietzsche n’est pas devenu fou parce qu’il était « complexe », il y avait d’abord un facteur d’hérédité (son père est mort plutot jeune d’un « ramolissement cérébrale », cause réelle inconnue) mais surtout il aurait attrapé la syphilis dans une maison de passe est serait mort fou et paralysé (d’accord, avec la médecine de l’époque on ne peut etre définitivement sur de rien).
    -« il a voué une admiration sans borne à Richard Wagner et à Jésus Christ » ; pour JC j’avoue ne pas trop savoir ce qu’il pensait du personnage ; mais pour Wagner, je sais que s’il a était un de ses grand amis, il l’a ensuite haÏ, car la philosophie de l’un s’éloignait de celle de l’autre ect ect.

    Pour vérifier tous cela, je vous conseille vivement de lire l’article sur Nietzsche sur Wikipedia, qui de plus vous eclairera grandement sur sa doctrine (et bon sang qu’elle est riche).

    D’autre idées abordées dans cet article sont tous simplement erronées ou mal interprétées ; j’en cite les plus importantes je pense, sans les développer :
    -Jesus Christ, surhumain? Nietzsche lui même dit à plusieurs reprises qu’il n’y a encore jamais eu de surhumains, mais peut-être considérait-il JC comme un « homme supérieur », ce qui n’est pas la même chose quand on a lu Nietzsche.
    -Quand Nietzsche dit que les faibles (chrétiens) sont devenus forts, il ne se contredit pas, il s’agit simplement d’une autre définition de la dualité force/faiblesse : les chrétiens (moralistes) sont devenus « forts » dans le sens ou ils se sont multipliés, écrasant les véritables forts par le nombre et s’imposant ideologiquement et politiquement.
    -« il vante les mérites du surhomme qui par son pouvoir (physique, intellectuel, charismatique…) soulève et éventuellement libère les masses » : c’est en grande partie faux ; les surhumains n’ont pas à avoir nécessairement de « pouvoir », ni physique (sauf peut-être une bonne santé découlant de son équilibre psychique), ni charismatique (il ne cherche pas, en tout cas, à séduire les foules par la réthorique) et surtout pas intellectuel (l’intelligence ne servant trop souvent qu’à compenser la faiblesse, elle est un moyen, pas un but). Les surhumains sont des individus forts ayant des valeurs de forts, ils ne sont ni altruistes ni révolutionnaires ; Zarathoustra par exemple se contente d’être libre et de vivre, il ne transmet ses valeurs que parcequ’il a décidé de les transmettre (au bout de dix ans de solitude dans la montagne), et il n’organise pas la révolution populaire (pourquoi voudrait-il aider le faible peuple? Il n’en a que faire!), d’ailleurs, la première fois qu’il s’est adressé au peuple celui-ci n’a rien compris et lui a rit au nez, il n’a plus jamais recommencé.
    (A propos de ses derniers mots, je vous conseil de regarder cette video de 6 minutes http://www.youtube.com/watch?v=Sg-nYGR4qaU , sur une musique suberbe, magnifique, elle fait le lien avec notre société actuelle, critiquant sur bien des points l’homme tel qu’il est devenu aujourd’hui).
    (Une autre video, qui définie presque la notion même de surhumain http://www.youtube.com/watch?v=cz_9gDkSQcE).

    Voilà, j’espère avoir rectifier le tir et pousser certains à s’intéresser d’avantage à Nietzsche.
    Encore une fois, regardez les videos (au moins la première), je doute fort qu’elles vous déplaisent.

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